
Il y a des jours comme cela, de ces journées que l’on redoute mais que l’on ne voit pas venir, de ces moments maudits qui vous poursuivent au nom de la loi des séries. De ces journées qui commencent mal et qui se terminent….mal aussi! Je les entendais ces sirènes de pompier ce matin mais tout cela me semblait lointain! Parfois fortes, parfois diffuses mais constantes. Il m’a fallu plus d’une heure pour comprendre que ce n’était que ma kyrielle de radios-réveils qui s’entêtaient à tenter de me réveiller. Une heure de retard sur mon timing habituel, voilà qui commence bien. J’opte pour le « pack prépa express » et au bout de deux minutes de douche + deux minutes d’habillement me voilà les dents encore pleines de dentifrice, les cheveux hirsutes (Ben qu’il m’en reste moins qu’à mes vingt-ans!!!), l’oeil hagard sur le trajet de mon travail.
Arrivé dans la station de métro, mon pass Navigo, déjà fort âgé et plus très vaillant, rend quasiment l’âme et refuse obstinément de déclencher le mécanisme du tourniquet. Pas de temps à perdre, je décide courageusement de sauter au-dessus de celui-ci tout en maudissant mon pauvre titre électronique de transport mais voilà que naturellement agile comme je suis, je me retrouve à moitié bloqué. 5 bonnes minutes plus tard l’oeil un brin plus alerte et d’humeur massacrante ( C’est à dire comme la moitié des voyageurs en temps habituel, l’autre étant endormie!!!) je saute, je bondis, je….me retrouve dans une rame bondée ( comme d’habitude!!!). Un mastodonte choisi de poser son auguste mais imposant postérieur sur le mini strapontin voisin du mien. Je sens une pression inhabituelle sur mon fragile corps. Ma respiration se fait aussi haletante que celle d’un fox terrier qui vient d’emmerder tout son voisinage et une réaction, certes animale mais innée, d’autodéfense s’éprend de moi. L’envie de péter tel un putois me vient à l’esprit! ( Il n’y a rien de tel qu’une bonne attaque chimique pour se sortir d’un tel pétrin!!!) mais à la vue du colosse qui me réduit en sculpture de César entre son flanc droit et la paroi de la rame je me ravise et pense intelligemment que la »loi du talion » n’est pas une solution. La sueur perle sur mon front, ma température corporelle est identique à celle que l’on subit dans le Sahara dès dix heure du matin mais en cette veille d’armistice, je sens que la libération n’est plus qu’à deux stations et résiste à l’envahisseur. 30 minutes plus tard j’émerge enfin des entrailles de la terre et au moment où j’emplis mes poumons du bon air banlieusard ( Ben oui, je bosse en proche banlieue, horreur, malheur!!!) une averse soudaine se prend irremédiablement de passion pour moi. J’ai beau la fuir, elle se fait plus pressante encore. J’arrive à moitié en courant, à moitié en glissant ( Merci Adidas et ses semelles ultra-dérapantes!!!) jusqu’au distributeur de ma chère, très chère banque. J’introduis ma carte, compose le sésame magique, consulte mon historique; Positif et décide de retirer une maigrelette somme d’argent. L’appareil mesquin et vil affiche alors le message suivant » vos droits sont insuffisants »??? La rage me gagne et trempé, énervé je gagne tant bien que mal mon lieu de travail les poches vides mais le coeur vaillant!!!
La journée se passe et me revoilà dans les transports. Une patrouille de police se trouve devant les tourniquets. Je met mon Pass et rien, je le remet, deux fois, trois fois…Derrière le temps monte, les gens me houspillent, un garde mobile me scrute avec méfiance prêt à intervenir quand une charmante femme me propose de passer derrière elle. Bêtement, j’accepte et me voilà avec trois vert de gris ( Pas les Allemands, les contrôleurs) et deux gardes mobiles sur le paletot!!!! ( C’est con quand même!) Je me souviens alors que déjà petit mon père m’apprenait toute les ficelles pour être un bon orateur et c’est revigoré que je me lance dans un laïus qui endormirait tous les fidèles de Notre-Dame de Paris, clergé compris!!! L’un des agents assermentés de la RATP comprenant toute ma détresse m’offre un ticket « autorisation de passage gratuit » et me suggère d’aller remagnétiser ma carte au plus vite dans un « club RATP » ( Vulgairement un guichet pour crétin comme moi!!!).
J’essaie celui de la Défense. L’écriteau précise « FERMETURE 19H », cela tombe bien il est 18H10. Peine perdue les portes sont closes et toute une « bétaillère » suffoque déjà à l’intérieur, certains les joues collées contre la vitre tels de la vulgaire poiscaille derrière la paroi d’un aquarium. Je fonce alors à Charles de Gaulle Etoile. 18H30 tout va bien me dis-je mais là pas de chance « Le club RATP » fait relâche ( C’est vrai les pauvres déjà qu’ils bossent 28 heures par mois, faut bien qu’ils se reposent un peu!!!!). La bave aux lèvres, l’oeil fourbe je me dirige alors vers un guichet » Traditionnel » et fait face à une jeune et charmante ingénue. Je ravale ma bave, prend l’oeil flatteur et coquin tout en relatant douceureusement tout mon embarras. Celle-ci immédiatement, un sourire aux lèvres, s’empare de mon Pass et va en ma compagnie le tester. Ce crétin de vieil égoïste, manié par une main si fine, si longue si gracieuse ne peut s’empêcher de biper de plaisir et moi de passer pour le dernier des benêts!!! Pataud et intrigué je me résous à rentrer chez moi.
Arrivé devant une célèbre enseigne de discount à deux pas de mon domicile, muni d’une grande vivacité et clairvoyance, je décide d’aller faire moult emplettes ( Demain étant férié et mon frigo lui étant orphelin!). Les bras chargés de victuailles et trois quart d’heure de queue plus tard je sors ma superbe et utile carte bleue. Je tape mon code et ….trente secondes passent. Je fais risette à la caissière…..et quinze secondes supplémentaires plus tard celle-ci me dit à voix haute et forte; « Il est refusé le paiement, m’sieur »!!! L’ensemble des regards alors se portent sur moi. Je me met un brin à rougir, bafouille tant bien que mal… » …approvisionné…mon compte! ». La caissière, le regard malin et en vieille routière à qui on ne la fait pas reprend » Ben on va ressayer, si cela vous fait plaisir, M’sieur!!!!! » à peine cinq secondes plus tard alors que dans la queue, certains s’énervent et murmurent « s’il a pas les moyens, faut qu’il dégage » et « toujours les mêmes, ils payent pas de mine et pourtant ». La caissière tout sourire s’exprime de nouveau » Paiement refusé, m’sieur ». Je deviens alors rouge comme une tomate. Dans la queue une vieille dame s’exprime » Si c’est pas malheureux à cet âge là! » et la rombière, la caissière avec une voix tonitruante se fait un plaisir de m’achever; » C’est pas grave m’sieur, on c’est ce que c’est et puis vous savez dans la quartier on est habitué….(Sans commentaire) Espèces? »…Espèce de cruche ai-je envie de dire! Ben non j’ai pas suffisamment d’espèces. Voilà comment je repars en rampant les murs, un paquet de pâtes à la main, c’est mieux que rien! Il y a des jours comme cela…où l’on ferait mieux de rester chez soi!!!
Bien à vous
Saint-Poisseux