Ils ne se connaissent pas 11 janvier
Ils ne se connaissent pas
L’un s’éveille aux aurores
l’autre aux confins de midi peine encore
au dehors les frimas, le verglas, le froid
Ils ne se connaissent pas
l’un erre au travers de la cité
l’autre pense à ce qu’il va manger
la radio annonce que deux malheureux sont passés à trépas
Ils ne se connaissent pas
l’un rêve de cervelas
l’autre est empli de joie à l’idée d’un bon repas
Là-bas des écoliers pressent le pas
Ils ne se connaissent pas
l’un épris de fatigue se damnerait pour un bon matelas
l’autre allongé dessus étire ses bras
Au loin un passant, surpris, fait un faux-pas
Ils ne se connaissent pas
l’un n’en pouvant plus tombe avec fracas
l’autre devant son miroir se trouve un brin trop gras
Sur un banc, assise, une vieille dame rêve de lilas
Ils ne se connaissent pas
L’un au coin d’un porche, à moitié allongé, plonge aux pays du coma
l’autre pressé en sort, contourne l’amas et s’en va
Un petit chien, intrigué, vient renifler cet étrange tas.
Saint-Sulpice