Le pigeon et le banquier 24 mai
Un pigeon à l’allure déprimée
s’en alla voir son banquier
avec l’espoir de lui demander
de bien vouloir l’aider.
Mes respects Mr le banquier.
Que puis-je pour vous mon bon pigeon?
Je suis actuellement un peu en difficulté
et cherche auprès de vous une solution.
Que m’apportez-vous en échange d’un peu d’argent?
s’encquiert naturellement le rusé financier.
Eh bien rien! puisque je viens vous en demander!
répond avec moult étonnement le manant.
Vous êtes un ancien client,
je vais donc faire un effort
et vous prêter de l’argent
afin d’améliorer votre sort.
Le pigeon s’en alla content,
le banquier se frotta les mains
et calcula les intérêts avec entrain
tout en se réjouissant amplement
Le temps passa rapidement,
le pigeon dépensa aisément
les précieux euro prêtés
et se retrouva vite ruiné.
Il retourna voir son banquier
le pas lent et la mine attristée
supplia d’obtenir son indulgence
et lui demanda une nouvelle chance.
Le véreux ainsi flatté
concéda un nouveau prêt
avec d’incroyables intérêts
et le pigeon s’en alla tranquillisé.
mais deux mois passèrent,
ses comptes chutèrent,
ses intérêts explosèrent,
et il entrevit la misère.
ses cartes de crédits furent avalées,
ses chèques vite refusés,
son loyer il ne put acquitter
et ses charges et autres frais honorer.
Le banquier devint injoignable.
les commandements à payer
furent quasi-journaliers
et le pigeon tomba malade.
Si le médecin fut vite échaudé
de voir son malade ne pas le régler,
les huissiers eux se réjouissaient
d’une proie tant incommodée!
Le praticien requit le grand air
et les huissiers l’expulsèrent.
Le pigeon fut vite délogé
et ses maigres biens confisqués.
il alla sonner chez le banquier
qui le somma vertement de dégager
sous peine ultime d’alerter
dans les plus brefs délais les autorités.
Sa femme vite s’évapora
les enfants sous les bras.
le pauvre déprima
et dans l’alcool se plongea.
son employeur le licencia
après l’avoir averti trois fois
avec comme seule indemnité
un bon et rude coup de pied
l’hiver vint avec ses gelées,
le malheureux frissonna
quêtant de quoi s’alimenter
empli de peine et désarroi.
Souvent devant ses yeux
le satané banquier il voyait
sans jamais oser le regarder.
le pauvre alors fit appel à dieu!
mais avant de recevoir un signe,
la faim et le froid le terrassèrent
un vif et beau matin d’hiver
victime d’un système indigne.
Le banquier fut étonné
de voir son bon pigeon
se dérober pour de bon
sans avoir soldé ses prêts.
Adieu petit et malingre pigeon
qui définitivement a fait faux-bond,
laissant son usurier fort furibond
de n’avoir entièrement récupéré son pognon!
Saint-Sulpice