Depuis les premières interventions de rue d’Ernest Pignon-Ernest et de Gérard Zlotykamien à la fin des années 1960, l’art s’est mis à la portée de tous, ouvert sur la rue et la ville. Et cela fait presque trente ans que le corps blanc de Jérôme Mesnager, l’homme à l’imperméable noir de Nemo ou le bestiaire des Mosko’s courent sur les murs du 20e arrondissement, territoire de prédilection des trois artistes. L’exposition, organisée par la mairie du 20e, témoigne de ce formidable élan artistique. Sont exposées des oeuvres récentes des artistes, trois œuvres de grande dimension spécialement réalisées pour l’exposition, ainsi que des photographies de Gérard Faure.
Jérôme Mesnager
Diplômé de l’Ecole Boulle, l’artiste dessine son premier corps blanc sur les murs de la Petite Ceinture en 1983. Depuis lors, la silhouette dynamique du bonhomme blanc court sur les murs de Paris, New York, Shanghai, Tokyo, Moscou, grimpe la Muraille de Chine et les pyramides d’Egypte, s’accroche aux carcasses de voitures dans le désert mauritanien… En 25 ans, plus de 3 000 murs peints et de très nombreuses expositions ont fleuri à travers le monde. Parallèlement à ses interventions de rue, Jérôme Mesnager développe une oeuvre importante sur toile.
Moskos et associés
Typographes de métier, autodidactes, le duo d’artistes Mosko et associés commence à poser ses pochoirs d’animaux africains sur les immeubles murés du quartier de la Moskova (18e) à la fin des années 1980. Ils entendent ainsi entrer en résistance contre la destruction de leur quartier. Depuis 20 ans, les Mosko’s déploient avec humour tout un bestiaire multicolore débarqué directement
de Mombassa et ouvrent des fenêtres sur un monde enchanté, peuplé de tigres, panthères, zèbres, gazelles, éléphants et girafes.
Nemo
Autodidacte, scientifique de formation, Nemo réalise ses premiers pochoirs au début des années 1980. Ses peintures mettent alors en scène un petit garçon « Little Nemo », personnage d’une bande dessinée américaine de Winsor McCay. Nemo désire ainsi prolonger, sur les murs, l’univers de rêve dans lequel la lecture de l’histoire plonge son jeune fils. Les années passent. Au milieu des années 1990, Nemo reprend la peinture au pochoir avec un autre personnage, plus énigmatique, l’homme à l’imperméable noir, figure familière du 20e (l’arrondissement est le terrain de prédilection de l’artiste). Nemo n’hésite cependant pas à s’aventurer dans d’autres quartiers parisiens et en banlieue, jusqu’à s’expatrier quatre ans (1996-2000) en Colombie où il réalise de très nombreuses peintures murales à Bogota et Medellin. Il intervient aussi sur les murs de Tokyo et de Lisbonne… Poète de la rue avant tout, Nemo se fait avare d’expositions en galerie.
Gérard Faure
Vidéaste, infographiste, photographe, Gérard Faure photographie, depuis plus de 25 ans, les quartiers de Paris condamnés à disparaître, les immeubles voués à la démolition. Inévitablement, il rencontre, au début des années 1980, les artistes de rue qui, comme lui, arpentent les mêmes territoires. Témoin discret, il enregistre, avec un rare sens de la composition et de la lumière les traces de cet art éphémère par nature. Au fil des années, son travail photographique est devenu une véritable mémoire de l’art urbain parisien.
En investissant la rue de leurs peintures et pochoirs, ces artistes ont transformé la ville en espace de rêverie et de surprise, c’est pourquoi la mairie du 20e a souhaité à l’occasion de cette exposition mettre en lumière la spécificité de cet art populaire qu’est l’art urbain en allant à la rencontre des habitants, à travers :
- l’organisation d’un concours d’affiches organisé au mois d’avril avec l’association du Ratrait, en direction des habitants, des écoles, des centres culturels et des associations de l’arrondissement. L’ensemble des 32 affiches sélectionnées par le jury seront exposées au pavillon Carré de Baudouin et au salon d’honneur de la mairie du 20e du 22 mai au 8 juin 2009.
- la réalisation d’une peinture murale collective de trente mètres sur le mur extérieur du pavillon Carré de Baudouin, rue de Ménilmontant (les 11 et 12 mai) : les riverains et plusieurs écoles ont ainsi pu voir les artistes en pleine création et échanger avec eux.
- la réalisation d’un « parcours art urbain » : Jérôme Mesnager a réalisé plusieurs œuvres sur les vitrines des commerçants, rue des Pyrénées, entre le pavillon Carré de Baudouin et la mairie du 20e, proposant ainsi un parcours entre l’exposition au sein du pavillon Carré de Baudouin et l’exposition des affiches du concours au sein de la mairie du 20e. la réalisation d’un « circuit découverte » : une carte recense les œuvres existantes des artistes et invite le public à les (re)découvrir dans les rues du 20e.
le pavillon Carré de Baudouin: Maison de villégiature construite au XVIIIe siècle au milieu d’un magnifique jardin ombragé, le pavillon Carré de Baudouin ressemble à une villa palladienne : même fronton constitué d’un triangle aplati, même péristyle soutenu par des colonnes ioniques. Une demeure somptueuse dans l’écrin d’un quartier populaire… Ce bâtiment qui appartient à la Ville de Paris et que gère la mairie du 20e arrondissement est aujourd’hui un site historique, trace d’un XVIIIe siècle de fêtes et de plaisirs à l’écart des bruits de la ville. C’est aussi un lieu d’expositions, de conférences et de concerts : photographie, peinture, graphisme, sculpture, musique classique et contemporaine…
Bonne exposition,
Saint-Sulpice
Art Urbain – Le pavillon Carré Baudouin – 121, rue de Ménilmontant – 75020 Paris – M° Gambetta – Bus lignes 96 et 26, arrêt Pyrénées ~ Ménilmontant – Du 15 Mai au 29 Août 2009 - Ouvert du mardi au samedi de 11h à 18h – entrée libre