Cyprien Gaillard 23 mai
Crédit Peinture: © Cyprien Gaillard
Dans chacune des cinq estampes de la série Belief in the Age of Desbelief, une tour d’habitation différente est implantée dans une gravure hollandaise de paysage du XVIIème siècle, transformant ainsi les vues naturalistes de Rembrandt, Anthonie Waterloo et Jan Hackaert en autant de terrains à bâtir.
L’œuvre photographique, filmique, graphique et picturale de Cyprien Gaillard prend sa source dans l’observation du paysage rural et urbain et l’exploration des rapports entre nature et architecture.Développant une forme très personnelle de Land art, l’artiste mène en effet, dans une démarche oscillant entre romantisme et vandalisme, une recherche sur les traces laissées par l’homme dans la nature.
Depuis 2006, il réalise des séries de polaroids intitulées Geographical Analogies qui traitent de la question des paysages entropiques en illustrant des lieux marqués par le processus d’érosion et de décomposition. Epinglés tels des papillons sous une vitrine, les polaroids sont minutieusement agencés selon un principe de correspondance visuelle entre les éléments représentés et, ainsi, entre des champs culturels en apparence éloignés (histoire de l’art, géopolitique, youth culture, géologie…).
A travers sa série « Le Nouveau Picturesque », Cyprien Gaillard s’attache à explorer la notion du pittoresque, littéralement « ce qui mérite d’être peint », et particulièrement l’idée très répandue au XVIIIème siècle selon laquelle un paysage pittoresque est souvent un paysage abîmé, rude, ruiné. En cela le paysage pittoresque est rarement un beau paysage au sens classique du terme. Avant l’intervention de Cyprien Gaillard cette peinture ne représentait qu’un beau paysage. D’un geste radical il en a donc couvert les éléments narratifs, afin d’en faire ressortir le côté pittoresque, poursuivant de manière métaphorique son interrogation des traces de l’homme dans la nature. L’acte pictural, pérenne, fait écho à une autre forme de vandalisme, éphémère cette fois, avec le « Land Art » des Real Remnants of Fictive Wars, lorsque Cyprien Gaillard active des extincteurs industriels dans des paysages choisis avec soin, les faisant momentanément disparaître sous un nuage de fumée blanche.
Crédit Peinture: © Cyprien Gaillard
‘Swiss Ruins’ est une série de peintures que Cyprien Gaillard développe depuis 2005. Pour ce projet, l’artiste a commandité un peintre « classique » en paysage, Ian Mac Pherson, invité à réaliser des toiles présentant des vues de grands ensembles architecturaux implantés dans différentes banlieues suisses.
Ces ensembles architecturaux, symptomatiques des visées utilitaires de l’urbanisme des années 60, sont pour Cyprien Gaillard, inspiré pour ce projet par le mouvement de la peinture ruiniste française du 17ème siècle (Hubert Robert), des ruines modernes.
Modèles d’habitations dépassés qui ont montré leurs limites, ces bâtiments semblent avoir été abandonnés de leurs habitants tandis que la nature reprend ses droits. Une allégorie de l’entropie…
Biographie de Cyprien Gaillard
Cyprien Gaillard, jeune artiste français, diplômé de l’ECAL de Lausanne, trouve dans le paysage naturel et urbain le sujet principal d’une œuvre picturale, graphique et filmique qui retient l’attention par sa qualité et son originalité. Dans une démarche opposée à celle de l’artiste travaillant dans son atelier et proche de la pensée de Robert Smithson auquel les références sont multiples, Cyprien Gaillard explore les zones périurbaines de la planète à la recherche de bâtiments modernes menacés de disparition. Intéressé par l’architecture et les diverses traces que l’homme imprime dans la nature, l’artiste donne forme à des œuvres caractérisées par la présence d’éléments étrangers ou d’événements inattendus qui viennent interférer dans un ordre préexistant.
Bien à vous,
Saint-Sulpice
lucaerne 23 mai
Voilà un travail qu’il est intéressant !
Et la nature qui ronge les ruines et reprend possession de son territoire… c’est pas La Planètes des Singes ça ?
saintsulpice 23 mai
Voilà une phrase qu’elle est belle!