T.A.G – Grand Palais – Paris 1 avril
Dans quelques jours, les cimaises qui ont accueilli Picasso, Gustave Courbet ou Anselm Kieffer vont s’ouvrir à d’autres artistes, plus habitués à la rue qu’aux lieux officiels. A partir du 27 mars, 150 graffeurs, tagueurs et graffiteurs vont entrer sous les voûtes du Grand Palais. Toutes ces oeuvres font partie de la collection d’Alain-Dominique Gallizia, un architecte tombé fou amoureux de cet « art vandale » depuis sa rencontre avec un artiste opérant sur la palissade de l’un de ses chantiers. Gallizia, qui abrite 300 oeuvres dans son atelier, a réuni un ensemble exceptionnel regroupant toutes les grandes figures du graffiti aussi bien les « pères fondateurs » que des writers (« écrivains », le nom qu’ils préfèrent se donner) venus d’Iran, de Chine, du Brésil, de Nouvelle-Zélande, d’Islande et d’Afrique. Une consécration pour une forme d’expression à la fois omniprésente et méconnue.
Certains artistes, pourtant, regardent le marché avec méfiance. Sous la pression des galeries, les cours sont parfois artificiellement gonflés. « Les maisons de vente font monter la cote d’artistes sans intérêt qui peignent depuis trois ans et bradent les oeuvres d’artistes importants qui font partie de l’histoire du mouvement », déplore Catherine Mairet, un des meilleurs experts du monde du graffiti, épouse de Psyckoze. Même si certains artistes commencent à être recherchés, les réticences existent encore vis-à-vis de la plupart des graffeurs. « Est-ce de l’art ? interroge Pedro Alonzo, de l’ICA. Marcel Duchamp et son urinoir n’ont pas été acceptés tout de suite non plus. Voilà des gens qui créent un art différent, dans un milieu différent. Mais ce sont des artistes. »
Ils sont, en tout cas, dévoués à leur pratique. Les plus connus s’entraînent comme des forcenés. « Ils passent des journées à s’exercer, pour affiner leurs techniques. Ils se retrouvent pour échanger leurs carnets d’esquisses. C’est le contraire de l’impulsivité », explique Thomas Delamarre, à la Fondation Cartier. Quik raconte qu’à une certaine période de sa vie il peignait quotidiennement de dix à douze heures. « Je travaille tous les jours », confie Bando, qui, parfois, s’enferme de longues heures pour imaginer une nouvelle forme de lettre. Les tags ou les graffitis demandent beaucoup de préparation. A cause des conditions de travail, d’abord – lorsque l’on peint des rames de métro, il faut être rapide et savoir ce que l’on va faire. Mais aussi par passion. Les tagueurs sont des obsédés de la calligraphie, c’est pour cela qu’ils se baptisaient writers, jamais graffiteurs. Ils cherchent à faire évoluer la manière de composer des lettres, de les présenter, de les mettre en scène. Ils les triturent jusqu’à ce qu’elles deviennent une abstraction. « Cet art est né dans la rue, mais aurait pu aussi bien naître sur une page », affirme Bando, qui compare les tagueurs aux moines copistes du Moyen Age, qui inventaient les lettres gothiques et « ont poussé le délire » jusqu’à les rendre illisibles à force de recherche. « Dans le graff, il y a la puissance de l’écriture », affirme Alain-Dominique Gallizia.
L’art de la rue, « art vandale » selon certains, évolue. Maintenant, les stickers, pochoirs et affiches attirent les collectionneurs. Le nouveau venu s’appelle Shepard Fairey. Il n’est pas tagueur. Lui, son truc, c’est l’affiche sauvage. Il est devenu une star mondiale en quelques semaines grâce à celle de Barack Obama, devenue le poster officieux de la campagne du nouveau président. Son travail est entré dans l’Histoire et vient d’être acheté par la National Portrait Gallery de Washington. L’affiche côtoie celles de George Washington ou de John Kennedy, peinte par Elaine De Kooning. Preuve que le street art souffre de schizophrénie, adulé d’un côté, pourchassé de l’autre : en se rendant à l’ouverture de son exposition à l’ICA, qui bat tous les records d’affluence, Shepard Fairey a été arrêté par la police de Boston pour avoir collé ses affiches aux quatre coins de la ville.
T.A.G. - Grand Palais – Avenue Winston Churchill – ( Galerie Sud-Est, Porte H ) - 75008 Paris - Métro: lignes 1, 9, 13 Stations : Franklin-D.-Roosevelt, Champs-Elysées-Clémenceau - RER: lignes C Station : Invalides - Bus: lignes 28, 42, 52, 72, 73, 80, 83, 93 – Tarifs: Plein 5€, Réduit 3€ (étudiants, demandeurs d’emploi) - Du 27 Mars au 26 Avril 2009 – De 11h00 à 19h00 ( Nocturne le Mercredi jusqu’à 23h00)
lucaerne 1 avril
En général, quand une culture est récupérée par le marché et l’argent, elle dépérit. J’espère que les jeunes auront assez de souffle et de résistance pour continuer leurs oeuvres DE RUE, car certaines sont vraiment impressionnantes par leur qualité. Même s’il doit être nécessaire de pouvoir en vivre à un moment ou à un autre. Difficile équilibre !
saintsulpice 1 avril
Je suis assez réfractaire au TAG mais je dois me rendre à l’évidence: Même si je ne suis pas en empathie par rapport à ce mode d’expression, lorsqu’il en vient a être exposé dans les plus grands musées je ne peux que me rendre à l’évidence!
lucaerne 2 avril
Aaaaaaattention, M’sieur St-Sulpice. Les tags, ce sont les signatures, ou juste l’inscription d’un nom, pseudo… Pour les « oeuvres », ce sont des graffs. Bon d’accord, parfois on ne sait plus vraiment faire la différence. Je frime, mais j’ai appris ça il y a trois ou quatre ans, en vacances à Capbreton, autant que ça serve . On avait discuté avec des « artistes de rue » époustouflants qui nous avaient expliqué tout ça… Ils arrivaient même à en faire à l’envers sur des grandes planches, et quand ils retournaient le tout, c’était super beau.
lucaerne 2 avril
Hein t’as cru que j’allais éternuer, au début. Mouarfff !!!
saintsulpice 2 avril
Je n’en doute pas dame Lucaerne mais j’ai encore du mal à apprécier cette nouvelle forme d’art! Néanmoins je tente de la comprendre et c’est en partie pour cela que je retranscrit cette exposition sur mon modeste mais peut-être élististe blog Non ce que je ne supporte pas pas ce sont les tags & graphs sur les édifices public ou privés et sur en particulier sur les immeubles en pierre de taille, je trouve cela choquant. Par contre en face de chez moi sur le boulevard Ordener, un mur entier en béton triste qui clôture une voie ferrée est naturellement devenu le lieux de création de cette nouvelle forme d’art…Seul bémol il s’engueulent tout le temps parce-que les uns recouvrent les oeuvre des autres et vice-versa mais bon….Manque de place assurément