Chapeaux: une Anthologie – Victoria and Albert Museum – Londres 29 mars
Un miroir, une pile de chapeaux de toutes les tailles et un panneau Try me (essayez-moi) : ce n’est pas un épisode d’_Alice au pays des merveilles_ mais le coin essayage bondé de l’exposition Chapeaux : une anthologie, du Victoria & Albert Museum (V & A), à Londres. Dans ce mini-salon, les visiteurs font la queue, tournent et retournent les chapeaux sur leur tête.
Première vraie rétrospective mondiale con sacrée au chapeau, l’exposition a été conçue par un des chapeliers les plus courus du moment, l’Anglais Stephen Jones. Érudit et passionné, il a réuni dans une présentation thématique trois cents pièces de tous les styles. Une plongée dans un monde fascinant qui souligne la riches se d’inspiration d’un accessoire qui a toujours sa place dans nos dressings.
TÊTES COURONNÉES ET CHAPELIERS FOUS
L’exposition comporte un volet « clients », qui présente des pièces portées par des stars et des collectionneurs célèbres. Le béret de Marlene Dietrich ou un modèle Balmain porté par Ava Gardner voisinent ici avec des créations appartenant à Boy George, Dita Von Teese ou encore Anna Piaggi, célèbre rédactrice du Vogue Italie. Ces adeptes poussent l’attrait stylistique du chapeau à l’extrême et réveillent l’intérêt du spectateur pour cet accessoire. Mais pas de clients flamboyants sans créateurs à l’imagination fertile. Dans ce registre, l’Angle terre est en première ligne.
Stephen Jones est le roi du genre et s’emploie de puis les années 80 à redonner au chapeau une place sur les têtes en utilisant des matériaux inattendus, pour créer des modèles quasi surréalistes : donnez-lui des bâtonnets d’Esquimau, il en fait un oiseau pour Galliano ! Aujourd’hui, il signe les couvre-chefs des collections Dior, Louis Vuitton, Giles ou Comme des Garçons, label japonais avec lequel il a imaginé un parfum, livré dans… une mini-boîte à chapeau. Il a passé deux ans avec Orio le Cullen, conservatrice du département mode et textile au V & A, à parcourir le monde pour nourrir son exposition.
Une aventure qui l’a mené jus qu’aux archives de la Warner, à Los Angeles, où ils ont retrouvé les chapeaux de My Fair Lady imaginés par Cecil Beaton. L’exposition présente aussi des pièces d’un autre chapelier anglais célèbre, Philip Treacy. Sur les traces de ces ténors, une jeune génération talentueuse est aujourd’hui prête à prendre la relève. Elle compte des créateurs comme Nasir Mazhar, qui signe les chapeaux cubes de Gareth Pugh ou de Noel Stewart.
FAUT-IL ÊTRE ANGLAIS ET EXCENTRIQUE POUR PORTER DES CHAPEAUX ?
Il est vrai que la culture britannique a gardé un lien plus étroit avec cet accessoire. « Ici, on s’habille beaucoup en fonction des événements, explique Orio le Cullen, alors qu’en France les gens ont une attitude plus détendue envers ces codes vestimentaires. »
Ajoutez à cela des icônes royales chapeautées en toute occasion, des événements hippiques ultra-habillés et des musiciens dandys à borsalino comme Pete Doherty, et on comprend pourquoi les Anglais sont plus accros aux chapeaux que les Français, même quand ils ne sont pas excentriques ; car il n’y pas que les pièces d’exception qui soient à la mode aujourd’hui.
Le couvre-chef nouvelle génération dépasse désormais le cadre de l’anecdote et correspond aussi à une réalité artisanale. Sa fabrication suit des règles très particulières qui ajoutent à son pouvoir d’attraction. Derrière chaque chapelier anglais, il y a donc un atelier et, en France, la Maison Michel illustre, au cœur de Paris, la magie de la naissance d’un chapeau.
DES MODISTES AUX MODEUSES
Fondée en 1936, la chapellerie Michel appartient depuis le milieu des années 90 à la maison Chanel, dont elle réa lisait les chapeaux. Elle représente désormais un des métiers d’art rattachés à la griffe, et produit aussi des pièces pour des créateurs comme Sonia Rykiel ou Kris Van Assche. Au fond d’une cour de la rue Sainte-Anne, la Maison Michel est dans sa bulle. Tout y est unique, des employés au matériel. En haut d’un escalier de guingois, on accède aux trois ateliers : celui des chapeliers, celui des modistes et celui dit des chapeaux mous. Ici, pas de créatures de mode glamour mais des artisans passionnés par un métier qui se perd puisqu’il ne reste que trois écoles en France qui préparent à un CAP de modiste. Les tâches sont précisément réparties en fonction des techniques.
Dans l’officine des chapeliers, les artisans sont des hommes qui travaillent sur des formes en bois, tirées des archives de la mai son, qui en compte environ trois mille. Les pièces en feutre ou en paille sont patiemment façonnées sur ces formes, puis passées dans un four fabriqué pour la maison. Les finitions se feront chez les modistes, qui réalisent aussi des chapeaux, mais sans l’aide de formes. Une fois achevés, les chapeaux sont rangés dans des boîtes rondes à l’ancienne, de vrais délices rétro prêts à séduire les amatrices d’accessoires rares et d’artisanat de luxe. Mais le pouvoir d’attraction du chapeau ne se résume ni à un savoir-faire ni à un look. Il sait aussi s’adapter aux mutations sociales et touche souvent à la psychologie de chacun. Il ne se pose pas sur le crâne pour rien.
EXERCICE DE STYLE
Quelle que soit l’époque, le chapeau n’a jamais quitté notre univers visuel. « Les créateurs, stylistes et photographes ont continué à exploiter ses qualités visuel les fortes », explique Oriole Cullen. Pourtant, il s’est fait plus rare dans la « vraie vie ». « Il est sorti de l’étiquette vestimentaire à la fin des années 50, explique Ludovic Kornetzky, responsable commercial et artistique de la Maison Michel. Après l’abandon du corset qui a liberé le corps, elle s’est libéré la tête en délaissant le chapeau. » Ni pièce utilitaire ni obligation sociale, le chapeau est devenu pur effet de style.
« Ils font partie du langage vestimentaire moderne, affirme Stephen Jones. Aujourd’hui, ils sont un divertissement plus qu’une nécessité. Je voudrais qu’ils soient compris comme un moyen de s’amuser et une forme d’expression personnelle. » Pour trouver et garder sa place il doit s’adapter aux exigences pratiques du moment. Ensuite seulement, il devient l’instrument d’un jeu de rôle
Aujourd’hui, le chapeau a changé de proportions. « Désormais il est plus un accessoire de cheveux, explique Læticia Crahay, créatrice des accessoires Chanel d’une ligne de prêt-à-porter pointue pour la Maison Michel. Il est à la fois plus branché et plus facile à porter, et il finit une silhouette aussi efficacement qu’une paire de chaussures. » Elle invente donc des modèles pour jeunes femmes modernes : bandeaux métalliques pour retenir un chignon fouillis, canotier de paille, mini-béret de coton… Et comme le chapeau ne sert à rien, il peut servir à tout.
« Je ne pense pas qu’il ait de fonction fixe, assure Orio le Cullen. » Jeu de mode, le chapeau est aussi un jeu de rôle. « Il peut refléter le caractère de celui qui le porte, analyse Stephen Jones, ou le dissimuler complètement. C’est un passeport pour un autre monde. » Quand, en pleine crise, on a envie de s’évader, on a là l’accessoire idéal. Et ce n’est pas une question de prix. Selon Stephen Jones, ce qui compte, c’est l’attitude : « Même un simple béret basque porté avec chic devient le plus élégant des chapeaux.
(1) Jusqu’au 31 mai.
Victoria & Albert Museum – Cromwell Road – UK1000 Londres – Tel. 00 44 20 7942 2000 - Mardi 24 février au Dimanche 31 mai 2009 -
- Du samedi au jeudi de 10h00 à 17h30 – Vendredi de 10h00 à 21h30 – Tarifs: Plein tarif : 5.9 £ Tarif réduit : 4 £
lucaerne 29 mars
Reste à ne pas prendre la grosse tête…
saintsulpice 29 mars
Nous avons passé l’âge, hein ma Lulu
lucaerne 29 mars
Euh ???
saintsulpice 29 mars
Ben je parlais de la trentaine voyons
lucaerne 29 mars
Oui mais y a pas d’âge pour se payer la grosse tête ! Flute alors !!!
saintsulpice 29 mars
Tu n’y gagnerai rien;..Moi serai alors malheureux, snif….Ce ne sera plus ma Lulu…Nan c’est un cauchemard à l’idée d’y penser seulement