Portraits d’antan – Partie 2 4 mars
Groupe de Khivains – 1882 – Henri Moser
Moser séjourne à Khiva où il est très bien reçu par le ministre et conseiller du khan, Mat Mourat. Ce séjour est l’occasion de nombreuses observations sur la vie quotidienne et les coutumes des Khivains, ponctuées de quelques plaisanteries cocasses. Chaque homme porte ici le tchouguermah, ce bonnet en peau de mouton noire ou blanche qui donne un aspect sauvage mais déforme considérablement les oreilles : « L’ombre de la tête d’un Khivain décoiffé ressemble à celle d’une grosse chauve-souris. »
Cavalier turcoman – 1882-1883 – Henri Moser
De Khiva à la frontière perse, Henri Moser doit traverser les sables noirs du désert de Kara-Koum. Les préparatifs sont longs et minutieux pour trouver les guides, l’escorte, mais plus encore pour choisir les chevaux. Le cavalier turcoman monte les rênes flottantes et, selon l’expression, « les chevaux volent ainsi par-dessus les obstacles ». Moser admire cette relation forte entre ce robuste cheval et son fier cavalier, « qui pour le prisonnier persan ne connaît pas de pitié, [mais] partagera sa dernière goutte d’eau avec sa monture ».
« Danakiles de la tribu de Bita. Erer » – Vers 1888 – Édouard Joseph Bidault de Glatigné
Bien que situé en territoire danakil, le village d’Érer est le point de contact entre populations issa, oromo (galla) et afar (danakil). Les conflits armés, querelles de territoires, droits de passage demandés aux voyageurs, sont fréquents et rendent cette région très dangereuse. Il est nécessaire de voyager armé et accompagné de guides, même si, comme le souligne Jules Borelli, certains sont aussi terrifiants que les tribus les plus hostiles : « Tous sont des guerriers qui ont tué plusieurs hommes ; en outre des ornements ordinaires, ils portent, autour du cou et sur la poitrine des lanières de graisse de bœuf ou de mouton qui exhalent une odeur nauséabonde. »
« Harar. Coiffure et habillement des femmes mariées » – Vers 1888 – Édouard Joseph Bidault de Glatigné
Les habitants de Harrar sont d’origines diverses. Galla, Arabes, Somali, se côtoient dans cette ville commerçante où les femmes tiennent une place importante dans l’approvisionnement des marchés de la ville. Malgré le zèle religieux des hommes, elles sortent le visage découvert, pour le plus grand bonheur du photographe. À la différence des jeunes filles, qui tressent leurs cheveux en une multitude de petites nattes autour de la tête, les femmes mariées les roulent en deux grosses boules enveloppées d’une résille, de chaque côté de la nuque. Nombreux sont les voyageurs qui ont été fascinés par la beauté des femmes abyssines. Rochet d’Héricourt affirme déjà en 1840 que « la race galla est la plus belle de l’Afrique ». Bidault de Glatigné signe ici une composition magistrale en trois figures, dignes de modèles antiques, qui associent l’élégance sculpturale des drapés, la grâce des gestes et la beauté plastique des visages.
« Femme galla » – Vers 1888 – Édouard Joseph Bidault de Glatigné
Après un premier voyage à Harrar en 1880, Arthur Rimbaud nourrit le projet d’un ouvrage sur les pays galla à présenter à la Société de géographie. Afin de l’illustrer, il fait venir de France un appareil photographique. Le projet ne verra jamais le jour, mais d’autres voyageurs et amis de Rimbaud réaliseront les rêves du poète, Jules Borelli dans son ouvrage sur l’Éthiopie méridionale et Bidault de Glatigné à travers ce merveilleux ensemble de photographies.
« À droite, jeune fille somali. À gauche, deux jeunes filles gallas » – Vers 1888 – Édouard Joseph Bidault de Glatigné
Les habitants de Harrar sont d’origines diverses. Galla, Arabes, Somali, se côtoient dans cette ville commerçante où les femmes tiennent une place importante dans l’approvisionnement des marchés de la ville. Malgré le zèle religieux des hommes, elles sortent le visage découvert, pour le plus grand bonheur du photographe. À la différence des jeunes filles, qui tressent leurs cheveux en une multitude de petites nattes autour de la tête, les femmes mariées les roulent en deux grosses boules enveloppées d’une résille, de chaque côté de la nuque. Nombreux sont les voyageurs qui ont été fascinés par la beauté des femmes abyssines. Rochet d’Héricourt affirme déjà en 1840 que « la race galla est la plus belle de l’Afrique ». Bidault de Glatigné signe ici une composition magistrale en trois figures, dignes de modèles antiques, qui associent l’élégance sculpturale des drapés, la grâce des gestes et la beauté plastique des visages.
« Indiens Guahibos du Rio Meta. 23 septembre 1886 » – 1886 – Jean Chaffanjon
Pour le déchargement des bateaux lors du passage des chutes et le transport des bagages, la main-d’œuvre ne manque pas. Les Indiens guahibo de la rive gauche de l’Orénoque guettent les embarcations et viennent au-devant des voyageurs pour se faire engager contre salaire. Chaffanjon relate dans son récit : « Je remets à chacun un pantalon, une chemise, un coutelas, du tabac et une mesure de sel ; le chef exige de plus une hache. »
Fuégiens, baie d’Ouftaténa, canal Lajarte – 1882 ou 1883 – Jean-Louis Doze (ou autre membre de la mission)
Au cours des sept voyages que réalise Louis-Ferdinand Martial entre octobre 1882 et août 1883 de Punta Arenas aux îles extrêmes du cap Horn, les contacts avec les Fuégiens sont fréquents et plusieurs d’entre eux acceptent même de monter à bord du navire, impressionnés mais fixant l’objectif du photographe. L’absence de toile de fond et la composition des trois hommes regroupés, comme perdus sur ce pont de navire qui leur est étranger, renforcent l’idée de l’immense décalage entre les cultures et font la force de cette photographie.
Groupe de jeunes filles de la baie Orange – 1882 ou 1883 – Edmond Payen (ou autre membre de la mission)
Loin de l’image caricaturale et dévalorisante d’un Gustave Le Bon qui, à l’occasion d’une « exhibition ethnographique » au Jardin d’acclimatation de Paris en 1881, décrit les Fuégiens comme des sauvages « vivant dans un état qu’on ne peut guère comparer qu’à celui des bêtes féroces », la mission du cap Horn participera à la réhabilitation de ces peuples, grâce essentiellement aux travaux ethnographiques du Dr Hyades. Certaines photographies témoignent même d’une réelle admiration pour la beauté des Indiens yaghan. Au centre du groupe, Kamanakar Kipa, la jeune Fuégienne photographiée à plusieurs reprises, sera en 1885 emportée par la rougeole lors d’une visite à la mission protestante d’Ushuaïa.
Ouçipiçi et Chamoutakara Kipa – 1882 ou 1883 – Edmond Payen (ou autre membre de la mission)
Ces deux enfants, fragiles représentants d’un monde en sursis, sont à l’image de tout un peuple. Les contacts avec les Européens se sont multipliés au cours des dernières décennies et ont fait augmenter les cas de mortalité par maladie infectieuse. Les membres de la mission ont conscience de recueillir les derniers témoignages de peuples voués à une disparition prochaine. Lors d’une visite à la mission protestante d’Ushuaïa, Hyades constate déjà la progression des cas de tuberculose.
Bien à vous,
Saint-Sulpice
Voir aussi: Portraits d’antan – Partie 1.
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