Portraits d’antan 2 mars
« La Reine de Mohély » – 1863 – Désiré Charnay
La mission française s’achève en octobre 1863 dans l’île de Mohéli. La jeune reine Jumbe-Souli, de confession musulmane, reçoit la délégation dans ses appartements. Elle se présente à ses hôtes en compagnie de sa vieille nourrice et d’une confidente ; derrière elle, un simple voile tendu masque sa chambre à coucher. Charnay immortalise par cette admirable composition l’entrevue avec la reine, dont le regard dégage un « doux éclat mélancolique ».
Nouvelle Calédonie. « Canaque de St-Vincent. Côte Sud-Ouest » – 1871 – Ernest Robin
En 1866, Ernest Robin débarque à Nouméa dans l’intention de créer un studio photographique. Dès les premiers mois de son arrivée, il manifeste de l’intérêt pour les populations autochtones et réalise bientôt ses premiers reportages photographiques. Il embarque sur des navires qui font le cabotage de port en port et peut ainsi en peu de temps connaître les principales tribus côtières.
Nouvelle Calédonie. « Indigènes de la tribu de Néfoué. Canala. Côte Est » – 1874 – Ernest Robin
Ernest Robin n’hésite pas à s’aventurer dans des villages à l’écart, rarement visités par les Blancs ; il s’y fait le familier de ces populations, qui acceptent assez volontiers de poser pour la photographie. Comme le souligne un légendage géographique précis, Robin tient à montrer les différentes tribus canaques qu’il a visitées du Nord au Sud de l’île. Des quinze années passées en Nouvelle-Calédonie, il rapporte un ensemble de clichés qui constitue un reportage ethnologique d’un grand intérêt.
« Le Khalifa de la tribu des Chaanba Mouadhi » – 1888-1889 – Victor Deporter
Deporter décrit avec précision l’organisation et la vie de la tribu des Chaanba, fière mais isolée au milieu d’un territoire immense et exposée à l’hostilité des tribus environnantes parmi lesquelles les Touareg. Dans la conviction qu’il a de la nécessité de créer un poste militaire permanent à El Goléa, préalable au renforcement de la présence française dans cette région, il considère les contacts avec les chefs chaanba comme primordiaux.
« Cavalier du Makhzen d’El Goléa » – 1888-1889 – Victor Deporter
Propriétaires des jardins et du ksar d’El Goléa, les Chaanba Mouadhi passent les mois les plus chauds de l’année dans l’oasis avant de reprendre le reste du temps leur vie nomade, qu’ils n’abandonneraient pour rien au monde. Cavaliers endurants, rompus à la vie rude du désert, chasseurs de gazelles et de mouflons, ces fins connaisseurs du Sahara sont les guides indispensables pour la connaissance de l’Extrême Sud algérien.
« Griot de Sénoudébou » – 1882 – Pierre Delanneau
Le capitaine de cavalerie Pierre-Léon Delanneau (1846-1913) participe aux trois missions menées par le lieutenant-colonel Borgnis-Desbordes au Soudan entre 1880 et 1883. Cet officier, chargé en 1882 du relevé cartographique de plusieurs itinéraires suivis dans le haut bassin du Sénégal, pratique par ailleurs fort bien la photographie et rapporte un ensemble de clichés pour le ministère de la Marine et des Colonies, qui les transmet en 1883 à la Société de géographie.
« Indigènes du Bambouk » – 1882 – Pierre Delanneau
Dans leur avancée vers le fleuve Niger, les expéditions françaises sont confrontées à la diversité ethnique de ces régions, sur laquelle ils vont bientôt s’appuyer pour assurer leur pénétration au Soudan. Delanneau réalise plusieurs portraits d’ambassadeurs ou de chefs locaux mais il photographie aussi les habitants des villages. Souvent sont indiqués le « type ethnique » ou la région d’origine et parfois la profession, griot, pasteur, guerrier, chasseur.
« Olphu Séga interprète toucouleur et ses sœurs » – 1882 – Pierre Delanneau
La nécessité de disposer d’interprètes est vitale et se retrouve dans les photographies prises par Delanneau : Mamadou Alpha, interprète maure, Abdoulaye Diack, interprète peul. Olphu Séga, l’interprète du poste de Bakel, un temps au service des Français, participera à la résistance toucouleur et sera fusillé en 1886.
« Femmes de Sénoudébou » – 1882 – Pierre Delanneau
Sénoudébou, localité du Bondou, un petit pays au sud du fleuve Sénégal, est choisi par les Français pour l’édification d’un fort dans la vallée de la Falémé. Delanneau, qui a cartographié la route de Khayes à Bakel par Sénoudébou, connaît bien cette région. Ses photographies des habitants témoignent d’un réel soin dans les prises de vues. Plusieurs, réinterprétées en gravure, ont été reproduites dans l’ouvrage Les Pionniers du Soudan, de Jacques Méniaud, en 1931.
Mirza et son batcha – 1882 – Henri Moser
Grâce à la bienveillance du gouverneur russe du Turkestan, le général Tchernaieff, Henri Moser peut se rendre en 1882 à Tachkent puis à Boukhara. Discrètement surveillé par l’espion officiel de l’émir de Boukhara, Mirza-Ichane-Hakim, Moser est convié à des spectacles organisés pour délasser les voyageurs, orchestres, ballets, clowns et batcha. Tout homme de condition se doit d’avoir un batcha : « C’est généralement un garçon de neuf à dix-huit ans, efféminé, parfois vraiment beau, caractérisé par deux longues mèches de cheveux qui s’échappent de dessous son bonnet ; il chante, il improvise même et avant tout il danse. »
Bien à vous,
Saint-Sulpice
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