Katerina Belkina ( Tumanova )

 Katerina Belkina ( Tumanova ) dans Artistes: Peintres & sculpteurs, etc... Hi_by_KaterinaBelkina

 

 Freud a défini l’appareil photographique comme un instrument permettant de fixer des impressions visuelles fugitives, au sens d’une matérialisation de souvenirs et de traces mnésiques. Cette idée de Freud s’applique parfaitement aux explications que Belkina fournit pour commenter sa passion pour le monde enfantin, un de ces thèmes préférés : « les contes de fées m’ont torturée depuis mon enfance, sans répit, en m’aspirant dans leurs profondeurs.

 

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

Quand un enfant vit dans un monde de fées, d’elfes et autres créatures irréelles (ou peut être réelles) et, qu’en grandissant, il s’aperçoit que le monde qui l’entoure est différent de cet imaginaire, il commence à le créer lui-même. Comme ça naissent les fous.. ou les musiciens.. ou les peintres. Un monde magique a été créé autour de moi depuis mon enfance grâce à mes parents, des gens à l’imagination incroyable ».

 

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

Belkina, à travers ses photographies, se pose en honorable héritière de cette imagination débordante. Les mondes de Belkina sont multiples. Elle se sent à l’aise en jonglant aussi bien avec les codes de la peinture impressionniste, qu’avec les procédés des surréalistes, en plongeant dans les contes de fées et exprimant ses pressentiments du futur.

 

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

Souvent, elle accompagne ses photos par des petits textes, très poétiques, profonds, drôles, qui le mieux expliquent ses oeuvres.

 

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

La série « Peintures », un habile hommage aux grands références de la peinture du XX siècle, déroute le spectateur, car les frontières entre ses deux arts picturaux sont presque effacées. Voici la recette d’une telle photographie réussie, proposée par Belkina :

 

Crédit Photo: © Katerina Belkina

« Pour se sentir Manet dans ses Folies Bergères, sans y aller, il faudra aux Russes : premièrement, un Théâtre Bolchoi (qui ne capitule pas avant la 31ème représentation du Lac des Cygnes, premier acte) ; deuxièmement, une planche couverte d’un film imitant le marbre ; troisièmement, Olia, l’étudiante (à nourrir et divertir à l’aide d’une conversation pleine d’esprit) ; quatrièmement, des nippes tirées d’un placard du magasin de dentelle, ainsi que des fils, des aiguilles, cinquièmement, du vin blanc mousseux « champanskoe Soviètskoe » – 6 bouteilles, des mandarines de Tanger  -1 kilo ; sixièmement, pour le miroir, du papier aluminium (qui se décolle tout le temps du mur), de la colle, des ciseaux, Photoshop, un crayon pour ajouter des haut-de-forme sur les crânes des spectateurs. Et, j’allais oublier… le génie d’Edouard ».

 

Crédit Photo: © Katerina Belkina

Ou, la série « Herbier », où les femmes sont comparées aux fleurs et aux feuillages. « La série « Herbier » contient en soi une idée de grande tristesse et d’autres plus neutres : on y parle de l’éphémère en même temps que de la permanence de la beauté dans la nature ; quelque chose est là, indéfini, qu’il faut sécher, ou alors il faudra attendre le printemps suivant.

 

Crédit Photo: © Katerina Belkina

On y parle à la fois de la répétition et de l’occurrence unique, de l’influence de sa nature sur sa destinée. Dans un herbier, on trouve des fleurs, pas de cactus (même s’ils donnent une bonne tequila). Un pavot, lui, aura plus de choix (soit être séché, soit être mangé dans un gâteau, soit.. devinez). »

 

 

Crédit Photo: © Katerina Belkina

Le mouvement, les transformations, les métaphores inattendues et surprenantes sont caractéristiques du travail de Belkina. Pour elle, « tout peut changer à chaque seconde ; tout est enchaînement sans dénouement ». La Pastèque, « inspirée d’un désir inépuisable, renaissant à chaque lever du soleil », est un clin d’oeil à Méliès. Les Carottes Volantes nous expliquent « le monde submarino-cosmique qui évolue. L’air en vol et l’eau – deux éléments qui ne me laissent pas tranquille dans mes rêves ».

 

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

 Man Ray avait évoqué le pouvoir que la photographie a de rendre visible ce qui avant elle était resté sans image dans le subconscient. Belkina, à travers ses images, arrive dans sa manière très convaincante à nous présenter et à expliquer son univers issu des coins les plus cachés du subconscient, à traduire les expressions et les sens humains, comme, par exemple la musique et le goût, dans la langue de l’image :

 

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

« Par quoi commence la musique ? Par mon humeur, peut-être ? C’est un point de vue. Et le goût?

 

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

Par un morceau dans la bouche? Peut-être pas.

 

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

un morceau ou par une goutte dans la tête, qui y coulent, minuscules boules de mercure ou vastes Océans salés, citrons ovales et acides, nuages sucrés et collants qui ont imprégné de tes histoires les lettres desséchées par le temps ».

 

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

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Crédit Photo: © Katerina Belkina

 

 

 Bien à vous,

Saint-Sulpice



Sophie Ristelhueber – Musée du Jeu de Paume – Paris

 Sophie Ristelhueber - Musée du Jeu de Paume - Paris dans EXPOSITIONS h_4_ill_800841_blowup_1

 

 

Aux visiteurs de l’exposition de Sophie Ristelhueber, au Jeu de paume à Paris, nous conseillons de commencer par une salle lumineuse, vaste, au premier étage. On y trouve sa série de photographies intitulée « Fait ». Elle a été réalisée en octobre 1991 dans le désert du Koweït et a été dévoilée au public à Grenoble, un an plus tard. Jamais nous n’avions vu ça. C’est une pièce mythique.

 

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Au premier étage du Jeu de paume – au rez-de-chaussée est exposé le photographe américain Robert Frank -, la rétrospective Sophie Ristelhueber se termine par un film inédit de 5,44 minutes qu’elle a réalisé pour l’occasion. Il porte le titre de Fatigues. Il ne s’agit pas de la santé de l’artiste. Le terme désigne un vêtement militaire, voire de travail. Sophie Ristelhueber, qui aime jouer avec les mots comme avec les plans, a filmé les détails de ses propres photos, réalisées dans le passé.

 

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Au-delà des indices que l’on perçoit, ici ou là, comme des pièces à conviction, le procédé est envoûtant. Les jeux lents de caméra amplifient une préoccupation de l’artiste : faire perdre au spectateur tout repère, toute échelle, afin qu’il perçoive plus intensément le territoire photographié, qu’il s’agisse d’un paysage lointain ou d’un carré de tissu dans une chambre… Rappelons le contexte. La première guerre du Golfe et l’opération « Tempête du désert » ont pris fin il y a six mois à peine. Le site est encore saigné par les traces de combats, les routes creusées dans le sable, les chars abandonnés, les bunkers étouffés par la poussière. Pas de cadavres, mais ça sent la mort. Sophie Ristelhueber, 42 ans, embauche un pilote d’avion pour survoler ce paysage. Elle foule aussi le sol, enregistre les pièces à conviction. En couleur et en noir et blanc.

 

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De retour à Paris, elle tire une quarantaine de photos en grand format et les colle les unes aux autres pour former une sorte de damier allongé. Elle publie aussi un livre de format poche, mais rigide (Editions Hazan). Pas de commentaire, aucun contexte ou explication, des photos pleine page encadrées par deux fragments de texte, tirés de De la guerre, de Clausewitz. Là encore, du jamais-vu.

 

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Il n’y a pas de sentiment chez Clausevitz. Pas de sentiment chez Ristelhueber. Juste des faits, des traces et des reliques, des surfaces et des objets. Elle dit : j’ai vu cela, à vous d’imaginer, de vous représenter. Tout l’opposé du paysage romantique ou de la vue tragique de guerre visant à faire monter un souvenir, une larme ou une indignation chez celui qui regarde.

 

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Les partis pris de l’artiste, qui visent à brouiller la représentation, laissent le spectateur un peu plus désemparé. Noir et blanc et couleur sont mêlés, les perspectives et l’échelle sont gommées – on ne voit pas le ciel, les vues au sol tutoient celles en avion. Les épreuves, collées sur aluminium, s’offrent au regard sans vitre de protection. Sans reflet. Les couleurs sont mates, les noirs cendrés. Ce qui compte, c’est la confrontation avec la matière.

 

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En France, les reproches sont tombés : des photos banales et sans qualité, sans personne pour animer le cadre, sans composition harmonieuse, sans détail spectaculaire pour pimenter le regard. Il est vrai que nous sommes à l’opposé de la photo de presse. En fait jamais un artiste n’avait titillé le photographe de guerre sur son terrain. Ni montré des conflits de cette manière. Son cadre n’est plus une fenêtre sur le monde, mais un mélange, difficile à décrire, de document et de fiction, de réalisme et d’abstraction. Une sorte de cauchemar à la David Lynch.

 

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D’autres pays – Etats-Unis, Allemagne, Belgique, Suisse – ont mieux accepté ce regard. A Boston, aux Etats-Unis, le musée de la ville a présenté sa première rétrospective, durant l’hiver 2001-2002, sous un titre qui lui va comme un gant : « Détails du monde ». L’avantage d’une rétrospective est de situer ce travail au Koweït dans l’oeuvre globale. Voir d’où elle vient, où elle va. D’une salle à l’autre, en découvrant aussi ses dernières vidéos, la cohérence du parcours saute aux yeux. Ristelhueber aime à la fois les idées et le terrain. Elle est conceptuelle et sensible. C’est une grande marcheuse fascinée par l’actualité, les informations enfouies et cachées. Elle se nourrit de journaux et d’images, puis vit son expérience in situ.

 

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Elle a photographié les bâtiments détruits de Beyrouth en 1982 après la guerre du Liban. Elle a enregistré les cicatrices sur les corps en ex-Yougoslavie. Elle a parcouru les routes secondaires de Cisjordanie que des Israéliens ont obstruées de rochers pour empêcher les Palestiniens de circuler. Elle a saisi les rues trouées par des explosions d’obus au Liban. Mais elle a aussi photographié le paysage accidenté de l’arrière-pays niçois, ou le sol du jardin du Luxembourg, celui de son enfance. « L’enjeu, c’est la terre », dit souvent Sophie Ristelhueber. Comment elle bouge, comment on se l’approprie, comment on la martyrise. C’est sa façon à elle de faire de la géopolitique, de la mêler à sa géographie familiale.

 

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Au début, elle est une photographe plutôt classique, qui fait confiance à l’enregistrement, fréquente Robert Doisneau, réalise avec Raymond Depardon le film documentaire San Clemente (1982) sur un hôpital psychiatrique au large de Venise. Et puis, le temps passant, elle fabrique ses images, s’approprie le sol comme une pâte à modeler. Elle s’est approprié le Jeu de paume comme si elle était à la maison. Elle a fait entrer la lumière de la place de la Concorde en enlevant les volets qui masquaient les fenêtres. Elle a dédramatisé le lieu pour mieux voir les images. Et c’est magnifique.

 

Bonne exposition,

Saint-Sulpice

 

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Jeu de paume -1, Place de la Concorde – 75008 Paris – Métro Concorde. Du mercredi au vendredi, de 12 heures à 19 heures, mardi jusqu’à 21 heures ; samedi et dimanche, à partir de 10 heures - Tarifs 6 € et 4 € –  Jusqu’au 22 mars 2009 ~ Catalogue, « Opérations », textes collectifs, éd. Les Presses du Réel-Jeu de paume. 448 pages  45 €.



Le Studio Vauclair – la Nouvelle Vague 1956-1960

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Après avoir gravi tous les échelons, de laveur de tirage à opérateur en chef, Jacques Vauclair (1926-1999) quitte le mythique studio Harcourt pour ouvrir le sien rue Caumartin, à deux pas de l’Olympia. Il a 30 ans quand débute sa nouvelle vie de portraitiste patenté, interlude éphémère, il se déclare lui-même composé d’«une essence volatile» : «Je brûle fort et donc je m’éteins très rapidement.» Mais, de 1956 à 1961, il immortalisera des acteurs, et quelques chanteurs, repus de jeunesse et de gloire naissante.

 

 

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 C’est l’atout maître du livre que lui consacre aujourd’hui son fils Gilles, de voir rassemblée, par ordre alphabétique, l’aube de ces visages devenus célèbres, même si, question de génération, certains sont à peine reconnaissables.

 

 

 

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Bien que formé au style Harcourt, où lumières et retouches s’associent à merveille pour figer l’éternité (1), Vauclair développe son propre langage. Moins guindé, plus souriant, voire légèrement rustique quand il colle une échelle dans le cadre. Son credo : «Un portraitiste est tout à la fois, un fakir, un charmeur de serpents et un accoucheur des âmes.»

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Pour passer allègrement l’épreuve du temps, les portraiturés sont plutôt élégants, maquillés, bien peignés. Costume pour les hommes, la cravate n’est pas indispensable (Claude Berri), le nœud papillon rare (Jacques Hilling) ; parfois, l’imperméable tombe à pic (Charles Aznavour) ou le gilet en mohair qui signe le flegme des hommes de goût (Yves Robert). La cigarette n’est pas encore interdite (Jean-Claude Brialy), et l’accessoire professionnel fait merveille (Brassens avec sa guitare) ou le duo en situation : Roger Pierre et Jean-Marc Thibault ; Michel Serrault et Jean Poiret. Rareté : Jean-Pierre Léaud adolescent, air sérieux et boutons de manchette, un rêve de mère.

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Les femmes, ah, les femmes. A part Bernadette Lafont, la poitrine recouverte d’une curieuse serviette éponge et une ou deux sirènes en maillot très sage, les femmes misent sur le chic simplissime, à l’image d’Annie Girardot, naturellement belle. La poitrine est bombée (Stéphane Audran, mains sur les hanches). La coiffure aussi (Anna Karina, divine), parfois avec l’aide de chapeaux mous (Sophie Daumier, 100 % classe). Accessoires autorisés : le foulard (Pascale Petit) ou le collier (Sophia Loren, un fantasme de joaillier). Trois frileuses : Marie Laforêt en gros pull, Michèle Morgan avec des gants et Junie Astor en manteau léopard. Les femmes comme les hommes regardent rarement l’opérateur, mais il y a des exceptions : Fernandel, Mouloudji, et la perle exotique du studio Vauclair, Marlon Brando en personne. Vauclair l’a photographié sur le tournage du Bal des maudits, avec sa culotte d’officier de la Wehrmacht, le torse nu, une bouteille à la main. Il est à tomber…

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Quand il en aura fini avec les portraits en chambre obscure, Jacques Vauclair deviendra photographe de plateau, notamment sur la Belle Américaine. Puis il tournera des romans-photos avant de lâcher définitivement la photographie. Il écrira des chansons, pour Henri Salvador notamment. «Mon travail photographique est le reflet de la flamme de l’inconnu. Pour moi, il ne fait aucun doute qu’elle brûle toujours», écrira-t-il après avoir vécu ces «cinq années qui en valent cinquante».

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Source: Brigitte Ollier – Article publié dans le journal Libération le 21 février 2009.

 

Bonne lecture,

Saint-Sulpice

 

Le Studio Vauclair, la Nouvelle Vague 1956-1960 – Editions Filigranes – 174 pages – 35 €.

 

(1) On relira avec profit le Harcourt de Françoise Denoyelle aux éditions La Manufacture, qui n’a pas pris une ride.



Saul Leiter – Dancing in the street – Musée Nicéphore-Niépce – Chalon-sur-Saône

Saul Leiter - Dancing in the street - Musée Nicéphore-Niépce - Chalon-sur-Saône dans EXPOSITIONS Saul_Leiter_Snow

Crédit photo: © Saul Leiter

«Etre connu ne m’a jamais intéressé», aime à dire Saul Leiter (né en 1923), qui fut longtemps l’un des photographes du Harper’s Bazaar. A côté de ses clichés de mode et de publicité, cet autodidacte féru d’art développa un travail personnel d’une grande liberté, fruit de ses marches dans Manhattan, dont il fut un subtil observateur.

 

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Crédit photo: © Saul Leiter

D’où le titre de cette exposition au musée Nicéphore-Niépce, «Dancing in the Street», qui met en lumière la jouissance sensorielle de Leiter, attrapant des bouts de vie et de ville, comme par enchantement.

 

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Crédit photo: © Saul Leiter

La magie est redoublée par la couleur qu’il employait alors, à une époque plutôt accro au noir et blanc, et qui évite les foudres de la mélancolie.

 

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Crédit photo: © Saul Leiter

Il a une manière très douce de saisir New York, ses flocons de neige, ses lignes de fuite et ses sources de lumière qui vous électrisent de la tête aux pieds.

 

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 Crédit photo: © Saul Leiter

 

Bonne exposition,

Saint-Sulpice

 

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 Crédit photo: © Saul Leiter

 

Musée Nicéphore-Niépce – 28, Quai des Messageries – 71100 Chalon-sur-Saône. Du 21 Février au  31 Mai 2009 - Tel: 03.85.48.41.98 – Tarifs: Entrée libre

 

Harlem,+1960

Crédit photo: © Saul Leiter

Bus,+1954

Crédit photo: © Saul Leiter

Reflection,+1955

Crédit photo: © Saul Leiter

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Crédit photo: © Saul Leiter

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Crédit photo: © Saul Leiter

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Crédit photo: © Saul Leiter

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Crédit photo: © Saul Leiter

 



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