Katerina Belkina ( Tumanova ) 25 février
Freud a défini l’appareil photographique comme un instrument permettant de fixer des impressions visuelles fugitives, au sens d’une matérialisation de souvenirs et de traces mnésiques. Cette idée de Freud s’applique parfaitement aux explications que Belkina fournit pour commenter sa passion pour le monde enfantin, un de ces thèmes préférés : « les contes de fées m’ont torturée depuis mon enfance, sans répit, en m’aspirant dans leurs profondeurs.
Crédit Photo: © Katerina Belkina
Quand un enfant vit dans un monde de fées, d’elfes et autres créatures irréelles (ou peut être réelles) et, qu’en grandissant, il s’aperçoit que le monde qui l’entoure est différent de cet imaginaire, il commence à le créer lui-même. Comme ça naissent les fous.. ou les musiciens.. ou les peintres. Un monde magique a été créé autour de moi depuis mon enfance grâce à mes parents, des gens à l’imagination incroyable ».
Crédit Photo: © Katerina Belkina
Belkina, à travers ses photographies, se pose en honorable héritière de cette imagination débordante. Les mondes de Belkina sont multiples. Elle se sent à l’aise en jonglant aussi bien avec les codes de la peinture impressionniste, qu’avec les procédés des surréalistes, en plongeant dans les contes de fées et exprimant ses pressentiments du futur.
Crédit Photo: © Katerina Belkina
Souvent, elle accompagne ses photos par des petits textes, très poétiques, profonds, drôles, qui le mieux expliquent ses oeuvres.
Crédit Photo: © Katerina Belkina
La série « Peintures », un habile hommage aux grands références de la peinture du XX siècle, déroute le spectateur, car les frontières entre ses deux arts picturaux sont presque effacées. Voici la recette d’une telle photographie réussie, proposée par Belkina :
Crédit Photo: © Katerina Belkina
« Pour se sentir Manet dans ses Folies Bergères, sans y aller, il faudra aux Russes : premièrement, un Théâtre Bolchoi (qui ne capitule pas avant la 31ème représentation du Lac des Cygnes, premier acte) ; deuxièmement, une planche couverte d’un film imitant le marbre ; troisièmement, Olia, l’étudiante (à nourrir et divertir à l’aide d’une conversation pleine d’esprit) ; quatrièmement, des nippes tirées d’un placard du magasin de dentelle, ainsi que des fils, des aiguilles, cinquièmement, du vin blanc mousseux « champanskoe Soviètskoe » – 6 bouteilles, des mandarines de Tanger -1 kilo ; sixièmement, pour le miroir, du papier aluminium (qui se décolle tout le temps du mur), de la colle, des ciseaux, Photoshop, un crayon pour ajouter des haut-de-forme sur les crânes des spectateurs. Et, j’allais oublier… le génie d’Edouard ».
Crédit Photo: © Katerina Belkina
Ou, la série « Herbier », où les femmes sont comparées aux fleurs et aux feuillages. « La série « Herbier » contient en soi une idée de grande tristesse et d’autres plus neutres : on y parle de l’éphémère en même temps que de la permanence de la beauté dans la nature ; quelque chose est là, indéfini, qu’il faut sécher, ou alors il faudra attendre le printemps suivant.
Crédit Photo: © Katerina Belkina
On y parle à la fois de la répétition et de l’occurrence unique, de l’influence de sa nature sur sa destinée. Dans un herbier, on trouve des fleurs, pas de cactus (même s’ils donnent une bonne tequila). Un pavot, lui, aura plus de choix (soit être séché, soit être mangé dans un gâteau, soit.. devinez). »
Crédit Photo: © Katerina Belkina
Le mouvement, les transformations, les métaphores inattendues et surprenantes sont caractéristiques du travail de Belkina. Pour elle, « tout peut changer à chaque seconde ; tout est enchaînement sans dénouement ». La Pastèque, « inspirée d’un désir inépuisable, renaissant à chaque lever du soleil », est un clin d’oeil à Méliès. Les Carottes Volantes nous expliquent « le monde submarino-cosmique qui évolue. L’air en vol et l’eau – deux éléments qui ne me laissent pas tranquille dans mes rêves ».
Crédit Photo: © Katerina Belkina
Man Ray avait évoqué le pouvoir que la photographie a de rendre visible ce qui avant elle était resté sans image dans le subconscient. Belkina, à travers ses images, arrive dans sa manière très convaincante à nous présenter et à expliquer son univers issu des coins les plus cachés du subconscient, à traduire les expressions et les sens humains, comme, par exemple la musique et le goût, dans la langue de l’image :
Crédit Photo: © Katerina Belkina
« Par quoi commence la musique ? Par mon humeur, peut-être ? C’est un point de vue. Et le goût?
Crédit Photo: © Katerina Belkina
Par un morceau dans la bouche? Peut-être pas.
Crédit Photo: © Katerina Belkina
un morceau ou par une goutte dans la tête, qui y coulent, minuscules boules de mercure ou vastes Océans salés, citrons ovales et acides, nuages sucrés et collants qui ont imprégné de tes histoires les lettres desséchées par le temps ».
Crédit Photo: © Katerina Belkina
Crédit Photo: © Katerina Belkina
Crédit Photo: © Katerina Belkina
Bien à vous,
Saint-Sulpice
lucaerne 25 février
Décidément… fréquenter ton blog, c’est faire des découvertess photographiques passionnantes ! Je trouve que son travail se rapproche de celui de Ray Caesar, dont tu as parlé il y a quelque temps. Mais en plus, j’y vois des clins d’oeil à Dali, Klimt, Balthus… C’est fascinant !
saintsulpice 25 février
Ton Saint et son blog sont passionnants, je confirme hum!!!
denislamalice 30 janvier
mmmm…
la nan’s 26 octobre
je decouvre avec passion ce site merveilleux qui nous fait decouvrir ou redecouvrir des artistes de talents!! chapeaux!!!
saintsulpice 27 octobre
Merci
noiresouris 18 septembre
Superbe blog que je met vite en favoris!
Merci
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