Saint-Sulpice photography

C’est un coup de génie. Un coup de folie. Ou un coup de pub bien senti. Dans tous les cas, l’exposition « Our Body : à corps ouverts », présentée depuis hier à l’espace 12 Madeleine (IX ^e ), dépasse largement le cadre de l’art. Le principe ? Sur 1 200 m ² , une vingtaine de vrais corps humains et des dizaines d’organes parfaitement conservés sont exhibés.

Imaginé par un anatomiste allemand en 1995, le concept a, depuis, été copié et présenté dans le monde entier. Partout, le même succès phénoménal. Et partout, la même polémique : peut-on faire du commerce avec la mort ?

Pourtant, ce mot tabou n’apparaît jamais. Ici, on parle d’« anatomie ». Découpé en six salles correspondant chacune à une partie du corps humain, le parcours révèle toute l’intimité de notre être. Mais ce sont surtout les corps entiers ici, on parle de « spécimens » , présentés debouts ou assis, qui marquent le visiteur. Au-delà du simple aspect anatomique, une image vous arrête : celle des visages, pour la plupart intacts, des « cobayes ».

Polémique autour de l’origine des corpsVoyeurisme morbide ou art jusqu’au-boutiste ? « C’est d’abord une exposition à but éducatif, justifie l’organisateur Pascal Bernardin, producteur de spectacles. Lorsque j’ai vu l’exposition aux Etats-Unis, j’ai trouvé ça fabuleux de pouvoir explorer l’anatomie du corps humain. » Mais, de retour au pays, son enthousiasme n’est pas partagé. « Je suis allé voir le Grand Palais, le musée de l’Homme, le palais de la Découverte et la Cité des sciences… Personne n’en voulait. Alors, j’ai d’abord monté l’exposition à Lyon en mai dernier. On a eu 105 000 visiteurs ! »

Outre le tabou de la mort, une autre polémique entache ces expositions. A New York, en 2005, les autorités s’étaient demandé si les corps n’étaient pas ceux de condamnés à mort chinois. « Ils viennent de Chine, mais par l’intermédiaire d’une fondation qui collecte les corps de gens qui ont décidé de donner leur corps à la science », assure pourtant Pascal Bernardin.
Et les visiteurs dans tout ça ? « Je suis venu par pure curiosité, et j’apprends plein de choses », sourit Charlène, 27 ans, devant une épine dorsale quasi intacte. A ses côtés, Philippe, 39 ans, grimace : « J’avais déjà vu tout ça dans des bouquins. Et puis ça me choque : laissons les morts tranquilles. » A vous de juger…

Bonne exposition,Saint-Sulpice

Espace 12 Madeleine – 12, Boulevard de la Madeleine – 75009 Paris – M ^o Madeleine ( Lignes 1,8,12) - Tarifs : de 12,50 € à 15,50 € – Jusqu’au 10 Mai 2009 - Tous les jours, de 12 heures à 20 heures sauf vendredi (22 heures), samedi et dimanche de 10 heures à 20 heures.