Sous l’occupation…. 28 avril
Que fut ma tristesse lorsque je vis sur mon récepteur de télévision un triste matin de décembre dernier, la seyante mire télévisuelle gouvernementale à savoir Roselyne Bachelot pour ne pas la nommer. Cette brave femme, ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports( vous vous gaussez! Moi aussi) annonca la suppression de la cigarette dans les bars, tabacs, restaurants et autres lieux de convivialités publics!!!! Je fus violemment aveuglé par cette tonitruante nouvelle. Cet aveuglement d’ailleurs se reproduit invariablement à chacune de ses apparitions, non pas que sois ébloui par sa grâce, ni par son élocution, encore moins par son allure mais parce que ses tenues aux couleurs éclatantes pour rester poli me créent d’intenses et soudaines migraines.( j’ai désormais une paire de lunettes de soleil à proximité sur ma table basse à forte protection contre les uv que je saisis promptement dès qu’elle apparaît sur mon écran)
Fini donc les volutes de fumée dont je me faisais un malin plaisir d’envoyer jusqu’au plafond des établissements, nombreux d’ailleurs!, que je fréquentais. Terminé les cendriers que parfois malhonnêtement l’on pouvait glisser dans sa poche ou son sac, souvenirs de notre passage ou compensation d’un service mal exécuté. Désormais hormis « mon petit guide des terrasses de café bien chauffées » que je créasse avec application, j’ai bien du mal à assouvir ma coupable passion. Eh oui des relents de Maccarthysme parfument nos villes et villages. C’est donc cette chère Roselyne qui dix ans auparavant était membre d’une commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à « la loi contre l’exclusion » qui nous porta, à nous pauvres cancéreux en puissance, le coup de grâce fatal, la relégation, l’exil. Aujourd’hui fumer dans quelque endroit public relève de la gageure! Vous souvenez-vous de cette période de l’occupation où dès que le couvre-feu fut imposé les patrons de cafés drapaient la devanture de leur établissements pour ne pas être repéré par les avions alliés? Eh bien voilà qui se reproduit. Certains irréductibles gaulois amoureux éperdues de leurs petites gauloises une fois la nuit tombée baissent les rideaux de leurs cafés pour sous le prétexte de soirées privées continuer à perpétuer le culte du mégot écrasé dans le cendrier en milieu fermé. D’autres n’hésitent pas à « surtaxer » de 2 euros le prix des consommations créant par la même une cagnotte destinée à régler le montant des amendes en cas de contrôle! Si l’air des brasseries s’est éclairci, la file d’attente dans nos hôpitaux et dispensaires en période hivernale pour cause »d’angine, de bronchite ou autre coup de froid » a sensiblement augmenté. Ce que l’on gagne d’un côté est immédiatement reperdu de l’autre. Je crains bientôt que nous soyons victimes d’une certaine délation comme le furent nos ainés pour d’autres raisons sous Vichy. Le Français (pas tous je vous rassure) aime par nature dénoncer son prochain (pas bien!!!).
C’est donc la tête baissée que désormais j’arpente les rues de notre belle Capitale me retournant de temps en temps pour voir si par mégarde je ne serai pas suivi par quelques miliciens prêt à me rafler à la première cigarette allumée. Les non-fumeurs sont désormais comme des poissons derrière un bocal et nous les fumeurs comme de vieilles plantes vertes remisées à l’extérieur qu’il vente, pleuve, neige ou grêle! Et voilà que non contents d’avoir bouté « les dents jaunes » dehors nos concitoyens allergiques se mettent à pester contre l’occupation abusive des terrasses par notre confrérie et un député que je ne nommerai pas viens d’avoir l’ingénieuse et diabolique idée de vouloir présenter à l’Assemblée Nationale prochainement un projet de loi visant à nous chasser définitivement intérieur & extérieur dédits établissements. Mais je m’en adresse au bon peuple Français: Que diable va t’il nous rester? Nos domiciles ou les quelques bancs encore disponible déjà pour la plupart squattés par d’autres parias de notre société « les sans abris »! Il ne nous reste plus que les bons vieux films du « cinéma de minuit » pour nous souvenir de cette période bénite où dans l’insouciance la plus totale, nos aïeuls fumaient avec allégresse dans nos petits bistrots et restaurants de quartier. Une page de notre histoire vient de se fermer……..
Bien à vous,
Saint-Sulpice
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