Mon voisin

  Francis Heaulme        

                        Un homme avertit en vaut deux…. C’est donc fort de ce principe que j’ai emménagé dans mon nouveau logement il y a quelques années dans un quartier populaire de notre bonne vieille capitale.  Ma propriétaire ne voulant pas m’alarmer avant d’avoir pu voir ma douce signature apposée au bas du bail de location sembla un brin gênée lorsque je m’enquis de la nature de mon proche voisinage.  » votre voisin? ma foi un jeune homme un peu attardé mais pas violent, un brin autiste. Ah acquiesçais-je un peu inquiet! Rassurez-vous reprit-t’elle. Il ne sort jamais de son appartement et de plus il est calme…. Deux jours passent et voilà que ma sonnette de porte d’entrée retentit. trop content qu’une bonne âme veuille bien se donner la peine de venir jusqu’à mon modeste logement me saluer j’accours jusqu’à la porte d’entrée ( long parcours d’environ trois mètres éreintant cependant les jours de grande fatigue) et sans même me donner la peine de jeter un oeil prudent au travers de mon judas j’ouvre celle-ci un grand sourire aux lèvres. Celui-ci ne tarde pas à s’éclipser aussi rapidement qu’il avait point.

                     J’ai devant mes yeux un mélange de Frankenstein et Heaulmes. Imaginez…. flippant non…. Je ne me démonte pas et tentant de rester naturel je sors un aimable « oui? Que puis-je pour vous? L’énergumène un brin menaçant tente de bouger les muscles de sa mâchoire et après un effort surhumain me réponds tout en me maculant de multiples postillons d’origine plus que douteuse dont certains tels des cocons contiennent encore les restes d’un maigre festin « arrêtez taper avec balle, mal à la tête » alors là j’ai vraiment flippé! Je me suis l’espace d’un instant remémorer les brefs souvenirs d’enfance dont je me souvenais, ai remercié la Sainte Vierge et mes parents de la belle et courte vie que j’avais pu mener et saisi dans la foulée une lampe torche  » d’origine Tchékoslovaque » en acier trempé que je garde précieusement derrière ma porte d’entrée en cas de panne de courant. C’est muni de ce contrepoids de plus d’un bon kilo dans ma poche arrière droite que d’une douce et calme voix je m’entendis lui répondre. « Pardon? »  »Oui » reprends-il tout en me fixant avec des yeux aux veines à moitié injectées et ressemblant étrangement à ceux d’un Rottweiler contrarié « Arrêtez de taper avec balle sur mon mur » « pas bien….mal à la tête….suis énervé » Mazette me dis-je mais dans quel bourbier me suis-je fourré!

                     J’ai repensé à cette émission passionnante « faites entrer l’accusé » qui retrace avec brio l’itinéraire des tueurs les plus fou  en pensant que je pourrai alimenter la rubrique sous peu.  »là vous devez vous méprendre » lui dis-je doucement, « j’ai passé l’âge mon brave de taper la balle sur quelque support que ce soit ». A son air hagard je me suis vite rendu-compte que le pauvre attardé n’avait pas saisi toute la hauteur de mon propos et décida de me rabaisser à son dico de poche spécial « 200 mots ». « Moi, pas taper balle, pas avoir balle, toi voir en haut si bruit vient pas de là bas » et la j’ai pensé que si le contact était bien passé et la compréhension fort aisée, la sanction elle ne tarderait pas être bien loin et qu’à quitte ou double, je jouai gros!!!!

                       Mon sérial killer de palier fit alors un pas en arrière et du haut de son mètre quatre vingt-quinze porta une de ses mains de charpentier…. ( vous flippez moi aussi….) sur sa bouche m’épargnant un instant de ses lancers incessants de particules alimentaires salivées et les yeux horrifiés, le crâne rasé mais perlant du suée m’annonça d’une voix chevrotante  » non pas là haut, eux pas bien, eux taper moi » ( vous remarquerez toute la finesse du dialogue). Profitant de ce moment d’inattention soudain, je lui souhaita à vitesse éclair une agréable soirée « Bsoirrrrrre » et claquait violemment la porte tout en continuant par le judas à observer ce monstre d’un autre temps. Celui-ci d’un pas lourd et lent regagna son antre me délivrant d’une mort atroce et cruelle.

                        Je l’ai recroisé à deux reprises dont une dans l’ascenseur. Le géant n’arrêta pas de me dévisager tout en lançant par intermittence des « aaarrrrghhhs  isssssssss, aaarrrrghhhs isssssss » mêlés de soubresauts rendant la montée assez inquiétante et me forçant à rester coller le bras replié dans le dos, à l’opposé du monstre, le doigt sur le bouton d’appel d’urgence prêt à lancer un sos au moindre mouvement suspect tout en priant pour qu’il évite de me briser mes lunettes et pestant intérieurement à l’idée de ne pas avoir fait faire une paire de rechange…..  arrivé à l’étage je lui dis d’un voix ferme mais polie « après vous » à laquelle il répondit par une béante ouverture buccale me révélant toute l’incapacité de certains dentistes devant un champs de chicots! Depuis je n’ai pas eu le loisir de recroiser mon inquiétant voisin mais souvent lorsque je sors de chez moi j’entends au travers de sa porte d’entrée de bizarres glapissements et râles…… sans commentaire……



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